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ONU Femmes : M. Ayemou « la FIBVA est une fondation avant-gardiste dans la prise en charge de nos populations vieillissantes »

Face au vieillissement de la population qui avance à grand pas, la nécessité de la mise en place de nouvelles stratégies pour une meilleure prise en charge des personnes âgées s’impose. C’est dans ce cadre qu’en 2019 le Fond International de Développement de la Retraite Active (FDRA) a créé la Fondation Internationale Bien Vieillir en Afrique (FIBVA). Après une année, sans actions concrètes, Covid-19 oblige, la FIBVA veut relancer ses activités à travers plusieurs programmes que nous explique dans cette interview, son Directeur Exécutif, M. Laurent AYEMOU

 

 

Laurent AYEMOU, vous être le Directeur Exécutif de la Fondation Internationale Bien Vieillir en Afrique. De quoi s’agit-il avec cette fondation et depuis quand existe-t-elle ?

La Fondation Internationale Bien Vieillir en Afrique existe depuis 2019. Elle est à l’initiative du Fond International du Développement de la Retraite active (FIDRA) qui depuis 2016 menait des actions sociales en faveur des personnes âgées, au niveau de la santé, au niveau de la nutrition, au niveau des activités physiques ainsi que sociales. La tache étant devenue immense le fond a bien voulu créer cette fondation pour qu’ensemble, d’autres acteurs, que ce soit au niveau de l’état, des privés, ou individuel puissent s’associer à cette fondation pour contribuer à atteindre les objectifs du bien-être et l’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées.

 

Quels sont les constats qui vous ont poussés à une telle initiative ?
Il y a un constat très clair. Selon le dernier recensement général de la population et de l’habitat, en 2010 on avait 923 668 personnes âgées de plus de 65 ans. De 2010 à 2018 nous sommes passés à 1 200 000 personnes âgées de plus de 65 ans soit une augmentation de 5% chaque année. Nous sommes donc en phase de nous interroger sur les systèmes et les acteurs qui vont contribuer à la prise en charge des personnes âgées. Au regard de ce qui se passe ailleurs, précisément en Europe, où il y a eu cette phase de la mutation de la population de la société comme nous, nous devons déjà y penser. Parce que le nombre des personnes âgées va aller croissant. Il faut donc mettre en place des structures qui vont les accompagner pour leur prise en charge. Il y a déjà cet aspect au niveau démographique. Au niveau du psycho-social, on a vu que des personnes âgées sont démunis, souffrent de l’isolement et de la solitude. Au-delà de tout cela, il y a aussi la question de la nutrition et de l’alimentation. Parce que plus on vieilli, plus on a besoin d’une alimentation saine et équilibrée. Il y a la santé qui très importante. De ce coté, il faut mettre l’accent sur la prévention, mais aussi tout ce qui est curatif pour les aider. A travers cette fondation et à travers les actions que nous voulons mener, nous voulons apporter une approche logistique au niveau de la personne âgée. Pas seulement au niveau de son bien-être social, mais psychologique pour permettre à la personne âgée d’être beaucoup plus active et de pouvoir aider non seulement la jeunesse à mieux s’orienter, mais à contribuer à maintenir nos cultures, nos traditions. Parce que notre contexte est différent de celui de l’Europe. Car ici, le savoir se transmet des ainés aux plus jeunes à travers l’art oral. Maintenant, nous sommes à l’heure de l’écriture, nous voulons donc passer à l’écriture et au savoir-faire.

 

 

Avez-vous déjà une idée des actions à mener et un programme a-t-il déjà été élaboré dans ce sens ?
Déjà le conseil d’administration a adopté le plan triennal qui court de 2021 à 2023. Et dans ce plan triennal, les programmes sont déjà définis. Mais pour cette année, il y a deux projets qui ont été déjà amorcés. C’est le projet de port de repas à domicile aux personnes âgées vulnérables, qu’on a appelé « l’assiette d’or ». A terme ce projet va offrir près deux mille quatre cent vingt deux (2422) plats sains à des personnes âgées isolées qui n’arrivent pas à se nourrir correctement. Il y a le projet dans le cadre duquel nous allons travailler avec le groupe de gérontologues. Ce groupe est composé de professeurs à l’université, des sachant et des étudiants qui vont réfléchir sur trois thématiques. D’abord, il s’agira de la mise en place la cartographie de tous acteurs qui interviennent dans ce secteur en Afrique et singulièrement en Côte d’Ivoire, de faire la revue scientifique. Parce que nous n’avons pas encore de tout ce qui est de revues et de documents pour savoir comment la personne africaine vieillit. Ensuite il y aura une étude comparative des régions de Côte d’Ivoire. Il s’agira de savoir comment l’Akan vieillit, comment le Krou vieillit, comment le Mandé vieillit etc… In fine, c’est d’élaborer un document, une synthèse qui va donner tous les caractéristiques du bon vieillissement en Côte d’Ivoire, qui va prendre en compte tous les aspects sociodémographiques, psychologiques et tout. Ce que nous voulons faire, c’est la sensibilisation, la formation. Comme l’a dit quelqu’un, la vieillesse se prépare dès le premier jour de la prise de fonction dans la vie. Enfin, il y a des thématiques qui vont être abordées et nous allons former ceux qui vont à la retraite, mais aussi la jeunesse dans ce sens. Il y a aussi qu’à partir de cette année, et nous allons l’instituer pour chaque année, nous allons organiser un diné gala de bienfaisance. Il se tiendra chaque jeudi de la première semaine du mois de décembre. A ce gala, nous allons profiter pour présenter nos programmes, les études menées, pour aussi faire la recherche de fonds afin de mettre en œuvre nos programmes. D’ici deux mois, nous allons organiser une conférence de presse pour présenter la fondation à la population en général mais en particulier aux acteurs étatiques, privés qui veulent bien travailler pour le bien-être des personnes âgées.

 

Très souvent on constate que les actions des associations, ONG et autres fondations se limitent en zone urbaine, avez-vous un plan pour les personnes du 3ème âge dans les zone rurales ?
Notre plan triennal prend en compte les personnes âgées qui vivent en milieu urbain comme en milieu rural. Par là, la réponse est toute claire. Ce ne sont des actions que nous allons menées en milieu urbain seulement. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons mis en place des comités locaux de protection. Ce sont des personnes âgées au nombre de vint deux (22) qui sont dans les plus grandes régions de la Côte d’Ivoire. Ces comités seront opérationnels très bientôt pour relayer nos actions sur le terrain. C’est pour vous dire que nous avons à l’idée de travailler avec une synergie d’actions sur le terrain, que ce soit en milieu rural ou urbain.

 

Pour de telles actions, vous avez besoin de moyens, c’est évident. Quelles sont donc vos ressources ?
Nos ressources sont à trois niveaux. La fondation a un conseil d’administration dont les membres cotisent. Mais c’est insuffisant pour atteindre nos objectifs. Donc nous allons faire la recherche de fonds à travers des activités de communication. Mais aussi au troisième niveau, c’est la mise en place de projets. Participer à des projets avec des organismes internationaux ou des structures privées, qui vont financer des projets dans le domaine de la santé, du psychosocial. Il y a aussi la création d’activités génératrices de ressources pour les personnes âgées qui viennent de prendre leur retraite mais capables de travailler. Il faut aussi les financer à travers des formations que nous voulons mener. Mais aussi à travers à caractère social, telles que l’alimentation, la nutrition, la santé, qui sont très importantes pour les personnes âgées. Donc nous avons trois niveaux, les donateurs sont les bienvenus, très bientôt le site de la fondation sera opérationnel. On aura trois canaux pour pouvoir faire les donations. Il y aura les réseaux de téléphonies mobiles, la banque et à travers des donations qui peuvent être financières mais aussi matérielles. On lance donc un appel aux bonnes volontés, que ce soient des entreprises privées, de nous rejoindre pour mieux nous connaître afin de participer à la mise en œuvre de nos programmes à travers notre plan triennal qui est déjà adopté.

 

Avez-vous en perspectives la mise en place de partenariats avec des fondations sœurs à l’étranger?
Toute organisation qui veut grandir et qui veut travailler de manière beaucoup plus professionnelle, ne doit pas se développer en autarcie ou en vase close. Elle doit s’ouvrir. Nous sommes dans un monde d’ouverture. Nous n’avons pas la science infuse pour pouvoir maîtriser tous les aspects du bien-être de la personne âgée. Donc il va s’en dire que notre fondation veut, à travers sa stratégie, qui est une stratégie inclusive et participative, signer des conventions avec des structures en Côte d’Ivoire comme ailleurs. C’est dans ce sens que déjà, nous avons mené des actions qui vont nous permettre de signer très bientôt des conventions avec des fondations sœurs hors de la Côte d’Ivoire, c’est-à-dire en France et ailleurs. Nous sommes au stade des discussions et de la planification pour le moment. Mais d’ores et déjà, je puis dire que la fondation est prête à recevoir des sociétés privées et des associations au niveau national pour pouvoir travailler sur des programmes dédiés aux personnes âgées.


Vous avez en projet la construction d’une maison des séniors à Adiaké. Pouvez-vous nous en donner des détails ?
Je prends le parallélisme des formes. On sait qu’en Europe quand les personnes sont âgées ont les met dans ce qu’on appelle les EPAH où elles sont occupées du lundi au dimanche jusqu’à la fin de leur vie. Nous ici, nous sommes dans un contexte africain. Donc fondation a bien voulu mettre en place une maison de repos et de loisir pour personnes âgées en Côte d’Ivoire. C’est une grande première, c’est inédit. Mais nous n’allons pas fonctionner comme ça se fait ailleurs. Nous savons que l’Africain vieilli très bien avec le lien social en famille. Donc cette maison aura une particularité. C’est-à-dire en son sein, il y aura tous les services de gérontologie et de gériatrie. Ce sera une maison de soin, une maison de lien social. On reçoit la personne âgée sur une période bien précise (deux à trois semaines) avec tous les soins en alimentation, en santé et toutes les activités physiques. La personne âgée vient affaibli mais repart requinquée retrouver sa famille ou son foyer pour être avec les siens. Elle pourra faire ce passage de manière cyclique. Soit chaque une périodicité de trois à six mois pour venir se ressourcer. Ce projet s’appelle « Villa Mangrove Sénior » (VMS) qui est la maison de repos et de loisir, qui va être, si les choses se passent bien, construite à Adiaké. Cette maison aura une capacité d’accueil de cinquante (50) personnes âgées. Le personnel sera un personnel vraiment dédié (des gérontologues, des gériatres et des auxiliaires) pour s’occuper de nos séniors. Le centre doit travailler de manière autonome. Donc parmi les personnes âgées, certains ont des moyens pour pouvoir venir dans ce centre. D’autres par contre n’ont pas les moyens, et sont vulnérables. La fondation va donc s’atteler à subventionner certains voire les prendre en charge à 100% sur la base des critères bien définis.

 

Un dernier mot à l’endroit des potentiels partenaires et des autorités ?
Je pense que nous avons la chance déjà de réfléchir à l’avenir. Comme l’a dit l’écrivain Amadou Hampâté Bâ « en Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brule ». N’attendons donc pas que nos bibliothèques disparaissent. Nous pouvons agir dès maintenant. Donc la création de la Fondation Internationale Bien Vieillir en Afrique (FIBVA) est une aubaine pour nous. Parce que cette fondation veut être avant-gardiste en réfléchissant déjà à comment prendre en charge nos populations vieillissantes dont le nombre va croissant. Ne pensons pas que ce qui se passe ailleurs va nous épargner. Le vieillissement de la population vient à grand pas. C’est dire que l’Afrique, et particulièrement la Côte d’Ivoire, va bientôt connaître les mêmes problèmes de l’Europe, l’Asie et l’Amérique rencontrent aujourd’hui. La FIBVA se prépare. C’est en ce sens que je lance un appel aux structures de l’Etat et les structures privées à se joindre à nous pour réfléchir à une stratégie de prise en charge et l’accompagnement des personnes âgées. Pour qu’elles vivent mieux et mieux transmettre le savoir pour une jeunesse qui a de plus en plus besoin de repères.

Interview Réalisée Par Eugène YOBOUE​

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